Cléricalisme papal

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Samedi 15 juin 2013, le pape recevait une délégation de sénateurs et députés français de sensibilités diverses (45 selon Médiapart !).

Il a commencé par « souligner les relations de confiance qui existent généralement en France entre les responsables de la vie publique et ceux de l’Église catholique, que ce soit au niveau national ou au niveau régional ou local. »

A la veille d’échéances électorales, voilà qui ne va manquer de heurter et d’inquiéter plus d’un citoyen !

Il a poursuivi en s’immisçant clairement dans les affaires de l’Etat, suggérant fortement à ses hôtes d’un jour d’abroger une loi votée par l’assemblée nationale, à savoir celle concernant le mariage pour tous.

« Cette contribution ne se situe pas uniquement dans le domaine anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel. »

"Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger" évoquant la "vision plus complète de la personne et de son destin, de la société et de son destin. " de son église. Ni plus ni moins, il nie que le corps politique puisse démocratiquement décider de ce qui est juste ou injuste, légal ou illégal. Nos élus seraient-ils majoritairement des incultes et des irresponsables ?

Nous sommes là bien au-delà d’une expression personnelle (expression légitime) sur un sujet.

Il est manifeste que c’est un dogme religieux qui sous-tend cette posture. Une fois de plus, le pape situe sa « loi divine » au–dessus de la loi commune !

Des questions viennent aussitôt à l’esprit :

- Qui sont ces 45 sénateurs et parlementaires d’un pays institutionnellement laïque qui, en tant que tels, demandent une entrevue au Vatican ?

- Quel était l’objet, le but de leur rencontre ?

- Quels sont aussi les électeurs qui les ont portés à cette fonction ?

Commentaires dans le journal Le Monde

- « Chrétien pratiquant, je récuse au pape un quelconque droit à donner une quelconque consigne politique. Je suis outré de ce comportement qui a motivé il fut un temps, des guerres saintes, le bûcher des albigeois. Que le pape reste à sa place … »

- Le pape demande aux parlementaires français d’"apporter l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine". C’est très exactement l’apport de la loi Taubira, fraternelle et respectueuse des vœux du prochain différent, loi qui élève et anoblit.

- Comment ose-t-il ? Une loi votée dans un Etat souverain. C’est une Fatwa catholique ? Il veut entretenir le désordre et exciter les extrémistes ?

Commentaire reçu

- Qui va interpeller l’église sur son histoire ancienne et récente de violence envers les droits de l’homme et de corruption ? Pour intervenir dans l’ordre éthique, il faut avoir légitimité pour le faire.
Un proverbe anglais dit qu’il ne faut pas lancer des cailloux quand on vit dans une maison de verre. Qui va rappeler au pape qu’il vit dans une maison de verre ?

- L’église a été liée au colonialisme (esclavage, code noir), au fascisme, a fait silence sur le nazisme... (euthanasie, eugénisme, solution finale). On ne peut commencer d’évoquer cette histoire sans qu’un encombrement d’horreurs ne surgisse.

Le discours du pape aux parlementaires

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Réaction de Philippe Baumel, député socialiste de la circonscription Autun, Le Creusot, Chagny :

Il " désapprouve la visite que des Députés Français, dont le PS Thomas Thévenoud, ont rendu au pape « en audience privée ». Pour Philippe Baumel, le qualificatif de « privé » relève de la pure hypocrisie. Il estime que les élus du peuple ont devoir à défendre la laïcité, rien que la laïcité. Ambiance, ambiance...

La laïcité, c’est la République

Une délégation de parlementaires français vient d’être reçue en "audience privée" par le pape, en réponse à une demande formulée dans le cadre des groupes d’amitié France-Saint-Siège de l’Assemblée nationale et du Sénat. Elu de la République, profondément attaché aux fondements de la laïcité, je ne peux que désapprouver le principe de cette rencontre, qui accrédite l’idée qu’un lien direct serait entretenu par des parlementaires avec une religion, avec une église plutôt qu’avec d’autres.

Au delà du caractère "privé" de l’audience, qui relève à l’évidence de la pure hypocrisie, il me semble que les élus du peuple ont vocation à promouvoir et à défendre la laïcité, seul concept qui ait assuré depuis des siècles la paix religieuse dans notre pays. L’avis du pape sur la loi française n’a pas à être requis, à fortiori par des parlementaires, sauf à vouloir jouer avec le feu et à oublier l’instrumentalisation de l’actualité pour faire resurgir des débats dépassés à laquelle certains se sont livrés dans un passé récent. La laïcité, c’est la République. C’est aussi la seule attitude de respect réel de toutes les religions et de tous les croyants. "

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