Hommage à H. Leclerc, par M. D.
Président de la LDH pendant 5 ans, puis président d’honneur, il disait venir s’y ressourcer, puiser « dans son ferment idéologique », les valeurs et l’ardeur nécessaires à un exercice respectueux et déterminé de la Justice et des droits de l’Homme. Mais il a bien contribué à la faire évoluer, de la vieille idéologie à la modernité (de nouveaux statuts viennent d’être votés), tout en manifestant avec courage et pugnacité, une excellence professionnelle largement reconnue et incontestée
Les hommages arrivent de tous côtés pour saluer à la fois l’avocat pénaliste exemplaire et respecté, le militant inlassable des droits de l’homme, l’homme libre, fraternel, chaleureux... Les ligueurs et avec eux tous ceux qui se retrouvent, dans leur diversité, au sein de la galaxie des défenseurs des droits et libertés, se souviennent aussi de ses révoltes, de ses colères. Comment oublier son appel, avec Michel Tubiana -disparu lui aussi- à une « insurrection des consciences » contre l’injustice, les inégalités, les dérives autoritaires...
Le manifeste adopté pendant sa présidence, à l’occasion du centenaire de la LDH, fait désormais partie des textes fondateurs de la LDH. Il constate qu’ « aujourd’hui, les droits ne doivent plus seulement être défendus face à l’État : que « la raison économique », au nom de laquelle on accepte que des millions de personnes soient réduites au chômage ou à la précarité, menace les libertés tout autant que la raison d’État et rappelle que « dès lors que l’État se soumet au droit contre la tentation de l’arbitraire, il est le garant des droits de chacun et de l’égalité de tous, sa laïcité assure la liberté des consciences. » Ce manifeste s’achève sur le constat que « face à la mondialisation de l’économie, c’est la mondialisation des droits, de tous les droits qu’il faut promouvoir pour qu’ils deviennent vraiment universels. La conclusion ne surprendra pas de la part d’Henri Leclerc : « Voilà notre affaire Dreyfus. Devant nous, la tâche est immense. »
« Plus que les mots, l’exemple », Henri Leclerc, auteur d’un ouvrage intitulé « La parole et l’action » maîtrisait tellement l’une et l’autre que sa voix déjà nous manque. Mais « cette voix qui nous manque », disait-il lors de la cérémonie d’hommage à Michel Tubiana, « il faut continuer à l’écouter », la même chose doit être dite pour lui aujourd’hui.
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