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Genèse de la liberté de conscience : Al Rawandi et l’école mu’tazilite - Laïcité Aujourd'hui

Genèse de la liberté de conscience : Al Rawandi et l’école mu’tazilite

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Pour la réunion du 7 novembre 2018, par P.B.

Note :cliquer sur les images pour les agrandir

Un nom lancé à la volée par M. … Un brin de curiosité de ma part …

Résultat : une plongée dans les imbroglios de l’histoire du monde arabo-musulman à ses débuts … ... puis la déception de découvrir que toutes les publications d’Al Rawandi avaient été détruites …

Pour un exposé de 20-25 mn, ça allait probablement être assez compliqué … Néanmoins, j’avais la perspective de peut-être croiser les travaux d’Ahmed Djebbar, celui qui fut notre conférencier en 2011 …

Une première approche qui ne peut être que succincte : quelques dates, Al Mamun, le calife, l’école mu’tazilite, Ibn Al Rawandi ... Un chemin tortueux qui évoquera l’histoire, les sciences, les math, un rêve, le Coran... jusqu’à la fermeture de la porte de la réflexion.

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A/ Quelques repères

- Nous sommes dans les années 800 – 850, soit deux siècles après la mort de Mahomet en 632, un siècle après que Charles Martel ait arrêté une razzia arabo-berbère près de Poitiers en 732 … … près de 2 siècles avant le philosophe et médecin Avicenne (980), 3 siècles avant les savants Maimonide (né en 1135) et, Averroès (1126) …

-  Dans la péninsule arabique, l’Islam rayonne. Déjà l’empire s’est étendu : il va du nord de l’Espagne aux rives de l’Indus, réalisant un pont entre l’Extrême-Orient et l’Europe (carte année 750). Un sixième de la population mondiale a probablement changé de langue, de monnaie, de religion et de justice.

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-  Alors que l’Occident reste rural – nous sommes au temps de Charlemagne -, dans cet empire, l’économie est en plein développement : fleurissent le commerce (Mahomet lui-même avait d’abord été marchand), les techniques nouvelles (l’irrigation pour l’agriculture ...), la métallurgie (les armes de Damas ...), l’artisanat (les tapis ...)... L’empire islamique est devenu l’un des deux principaux centres de civilisation du monde (avec la Chine). Les sciences et la culture prospèrent. En 753, lors de la prise de Samarkand, sur la route de la soie, les musulmans se sont approprié cette découverte chinoise qu’est le papier et ils ont multiplié la production de livres.

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Au tout début de l’année 750, c’est encore la dynastie des Omeyyades qui règne sur cet empire. Elle sera massacrée par les partisans des Abbassides à la bataille du Grand Zab (25 janvier 750). Toute la famille des Omeyyades trépasse, à l’exception d’un des petits-fils du calife Mu‘awiya qui réussit à s’échapper et à se réfugier en al-Andalus. Il y fonde la dynastie omeyyade d’Espagne en 755.

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- > Le monde musulman a perdu son unité. C’est le début du califat abbasside à l’Est ; Bagdad remplace Damas comme capitale.

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Bagdad va prospérer et devenir la plus grande ville du monde après la capitale chinoise Chang’an, aujourd’hui Xi’an, qui se situe à l’extrémité Est de la route de la soie.

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B/ Le calife al-Ma’mün va diriger cet empire abbasside, de 813 à 833.
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Déjà son père le calife Haroun Al-Rachid qui régna durant 23 ans (entre 786 et 809), avait créé à Bagdad une grande bibliothèque où il accueillait de nombreux savants, une sorte de grande université scientifique (Majma’ ‘ilmi).

Al-Ma’mün, grâce à des mécènes privés, va développer les activités de cette bibliothèque qui deviendra la Maison de la Sagesse (Bayt Al Hikma ou Dar Al Hikma). Cette Maison sera copiée, mais elle restera la plus importante de tous les temps.

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Il fit venir de Byzance des manuscrits : principalement des ouvrages de philosophie et de sciences : Aristote, Platon, Pythagore, Hippocrate, Euclide, Ptolémée, Galien, Plotin … Il ira même jusqu’à poser comme condition de paix avec l’empire byzantin la remise d’une copie de l’Almageste. (L’Almageste est une œuvre de Ptolémée au 2ème siècle. Elle était la compilation des connaissances les plus avancées de l’Antiquité en mathématiques et en astronomie.)

Tous ces documents, il les a fait traduire du grec, du persan, de l’indien et du copte … Pour toutes ces traductions et leurs commentaires, Al Mamun réunit à Bagdad des traducteurs et des savants de toutes croyances. C’est la langue arabe qui a été utilisée, en dehors de sa valeur de langue sacrée, sans lien avec le Coran.

-> notez la séparation entre sciences et religion

Parmi ces savants, le grand mathématicien al-Khawârizmî, celui qui inventa l’algèbre. (La traduction de son nom donnera le mot algorithme)

Les « chiffres dit arabes » que nous utilisons aujourd’hui sont en réalité apparus en Inde : c’est la numération décimale à neuf chiffres. Cependant c’est aux Arabes que l’on doit la numération de position (1 ne vaut pas la même chose en position d’unité, de dizaine, de centaine ou de mille, alors que dans la numération en chiffres romains par exemple, le signe X vaut toujours dix unités et le signe I une unité). C’est aux arabes qu’on doit l’invention du zéro qui vient se mettre dans les vides et qui va révolutionner la façon d’écrire les nombres (5 5 – 505).

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Al Mamun et les mathématiques par A. Djebbar  :
https://www.youtube.com/watch?v=xDik6NVCRxc

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JPEG Autre exemple de ce foisonnement intellectuel : en 829, Al-Mamun crée le premier observatoire astronomique permanent au monde. Les travaux qui y furent menés font qu’aujourd’hui un cratère de la lune porte son nom Almanon (49 km de diamètre).

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Outre son intérêt personnel pour le travail de recherche des savants, l’histoire raconte que pendant son sommeil, le calife Al-Mamun a vu Aristote en songe … … et ils ont échangé.

"Qu’est-ce que le bien ?", demande le calife.

→ "Ce qui est bien devant la raison", répond Aristote.

"Et puis" ? demande le calife.

→ Réponse : "Ce qui est bien devant la Loi (révélée)".

"Et puis" ? demande le calife.

→ Réponse : "Ce qui est bien aux yeux du plus grand nombre".

"Et puis" ? demande encore le calife.

→ "Et puis plus rien", répond Aristote.

Ce dialogue énigmatique a évidemment été interprété de diverses façons : il signifie cependant que la raison et la loi révélée peuvent cohabiter pour le bien public, dans la mesure où ce bien reste celui qui apparaît comme « bien » à la raison.

→ J’ai noté l’ordre des réponses : il n’est pas anodin : 1/ la raison, puis 2/ la loi révélée, puis 3/ l’avis du plus grand nombre.

Henri Corbin, philosophe et orientaliste, parlera, pour cette période, d’une "assimilation par l’Islam de tout l’apport des cultures qui l’ont précédé à l’est et à l’ouest" et de la constitution d’un « nouveau foyer de vie spirituelle de l’humanité ».

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Al Mamun a cependant été confronté à une difficulté : comment mesurer la fiabilité de tous ces documents venus d’horizons si divers ? Et les suspicions sont nombreuses … Comment sortir des légendes, comment écarter les fantaisies de toutes sortes, comment lever les doutes ? … Et ensuite, comment mesurer la fidélité des traductions ?

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Sa démarche va consister à faire confiance à la raison. Il considère la raison comme une structure universelle d’échange entre les hommes.

→ l’idée d’universalisme était-elle déjà présente chez lui … ?

Il va donc s’attacher à cultiver le doute, le scepticisme dans sa recherche de la vérité, ceci, ne l’oublions pas, dans un contexte fort marqué par la religion musulmane, mais une religion qui ne possédait pas encore de corps de doctrine « officiel ».

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Le Coran : rappel : selon Ralph Stehly, professeur d’histoire des religions à l’Université de Strasbourg

"Il n’y a pas à proprement parler de dogmes en islam. Le message coranique est essentiellement fondé sur la foi. Le credo porte sur Dieu, les anges, les livres révélés, les prophètes et le jugement dernier. Les disciplines reines de la théologie islamique sont le commentaire du Coran", « essentiellement constitué de récits métaphoriques et allégoriques qui n’ont de sens que pour les Bédouins de la péninsule arabique du VIIe siècle, auxquels ils s’adressent » précise Bertier, "et l’étude systématique du hadith (Hadit = la Sunna (sunnites) qui complète le Coran : il s’agit d’une sorte de description de 29 000 instants de la vie quotidienne du Prophète). La démarche se nomme le fiqh ("scruter attentivement" à des fins éthiques et juridiques afin de déterminer ce qui est permis et ce qui est interdit ) et le résultat de cette démarche est la sharia : le "fil conducteur dans la vie"."

Parmi les écoles théologiques de l’islam sunnite : le mu’tazilisme

Al Ma’mun, le calife, était un adepte de ce courant mu’tazilite et il en avait fait la doctrine officielle de son empire. Cette approche des textes sacrés va être déterminante dans son ambition de développer les activités de la Maison de la sagesse.

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L’école muʿtazilite

Cet enseignement proviendrait de ʿAli b. Abī Tāleb (601-661) qui le tiendrait lui-même du prophète. De transmission en transmission, il serait arrivé à Wassil Ibn Ata.

Plus généralement, il est dit que le Mutazilisme est né à Bassora (Irak actuel) à partir d’un différend d’ordre théologique : un croyant avait commis un grave péché. Comment le juger ? Appartenait-il encore à la communauté des croyants ou était-il un infidèle ? Wassil Ibn Ata a considéré qu’il n’était ni un croyant absolu, ni un infidèle absolu, mais qu’il se trouvait dans un "entre deux" (al-manzila baina-l manzilatain).

Ce faisant, il rompait avec l’orthodoxie musulmane du moment ; il s’autorisait à élargir les critères de jugement, à faire davantage appel à la conscience du juge … et à créer un nouveau statut pour le croyant. Cette rupture allait ouvrir largement le champ d’interprétation des textes sacrés.

JPEG Avec l’envoi de missionnaires aux 4 coins de l’empire, le mu’tazilisme allait assurer son développement, sous des formes voisines.

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→ Qu’en dit aujourd’hui l’association pour la renaissance de l’islam mu’tazilite (ARIM) ?

Sur son site :

Au 8ème siècle, le mu’tazilisme avait pour but d’allier la raison à la foi, c’est-à-dire d’aborder la Révélation à la lumière de la réflexion (fikr) et du discernement (furqân). Les premiers mutazilites s’opposaient au fait de vivre leur foi uniquement par le biais d’une imitation irréfléchie (taqlîd) de pratiques et de dogmes établis à partir d’une approche littéraliste des textes et de l’interprétation des Anciens (appelés les « pieux prédécesseurs » ou salaf).

Pour les mu’tazilites, l’exercice de l’ijtihâd (effort d’interprétation) n’est pas une discipline réservée aux oulémas, les savants de l’islam (imams, théologiens, juristes, etc.). L’interprétation sans cesse renouvelée est au contraire une nécessité pour chaque musulman(e) qui doit pouvoir faire confiance à ses capacités de réflexion et de discernement.

Le but recherché :

-  construire une façon d’être musulman(e) en tirant les conséquences de ce travail critique sur sa pratique spirituelle.

-  trouver un juste équilibre qui puisse réunir l’intelligence du cœur et l’intelligence de l’esprit.

-  donner la possibilité à chacun et à chacune de s’exprimer et valoriser cet héritage culturel et spirituel qu’est l’Islam (par l’écriture, les arts graphiques, la musique, etc.) .

-  faire contrepoids aux interprétations irrationnelles et dogmatiques

-  pouvoir parler librement de ses expériences et de ses choix spirituels, en dehors de tout jugement ou toute pression communautaire et familiale

L’origine du mot mu’tazilisme : un terme arabe qui signifie le fait de « s’abstenir, se retirer, s’écarter ». Dans la pratique religieuse, il s’agit de suspendre son jugement et de cultiver le doute. Ce n’est pas de la passivité, mais davantage de la prudence, une volonté de se tenir en retrait vis-à-vis des différents conditionnements sociaux, familiaux et culturels afin de parvenir à prendre du recul sur soi-même.
Historiquement, la doctrine mutazilite s’est fondée sur cinq principes :

1. Tawhîd : Unicité absolue de Dieu.

2. ‘Adl : Justice de Dieu. (pas de prédestination)

3. Al-waʿd wa l-waʿîd : Promesse du Paradis et Menace de l’Enfer.

4. Manzila bayn al-manzilatayn : Demeure intermédiaire. Le Musulman coupable d’une faute grave (fâsiq) n’est plus un croyant et n’est pas encore un impie (kâfir), mais qu’il occupe une position intermédiaire entre la foi et l’impiété (manzila bayn al-manzilatayn).

5. Amr bi l-maʿrûf wa l-nahî ʿan al-munkar : Commandement du convenable et Interdiction du blâmable.

Ces 5 principes posés, l’école mu’tazilite met en avant le rationalisme, le refus du dogmatisme, l’humanisme, la liberté individuelle, la démocratie.

Leur mot d’ordre : Ensemble, arrimons la raison à la foi pour vivre l’islam autrement !

JPEG Le logo de l’association pour la renaissance de l’islam mu’tazilite (ARIM) :
les formes géométriques rappellent l’attachement des mu’tazilites à la raison et au discernement pour faire leurs choix spirituels.

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Au 8 ème siècle, les mutazilites se situaient délibérément à l’opposé des muhaddithines qui avaient une lecture directe et littérale du Coran et des hadiths ; pour eux : « Le bien est ce que Dieu ordonne et le mal ce que Dieu interdit ».

« Les mu’tazilites, eux, font de la raison le critère même de la loi religieuse ». Ils exigent pour eux-mêmes de démontrer l’authenticité d’un hadith, mais aussi de vérifier si son contenu est raisonnablement acceptable. Ils n’hésitèrent pas à adopter des règles logiques de démonstration et à accorder à la raison humaine une valeur première, ce que l’islam dans son ensemble n’a jamais voulu lui reconnaître.

→ J’ai lu (sans le vérifier) que, dans le Coran, Dieu lui-même argumente et demande à l’homme de réfléchir, avec les moyens dont il dispose, sur les argumentations divines.

Ce qui devait arriver arriva : dès 846, les mu’tazilites ont été qualifiés de mécréants et ils ont été pourchassés. Leurs écrits ont été détruits. Leurs idées sont connues essentiellement à travers les ouvrages rédigés par leurs adversaires …

Avec l’écrasement des mu’tazilites, c’est l’esprit d’imitation qui l’emportera sur l’esprit de réflexion. Vers 1258, après la chute de Bagdad, lors de l’invasion des Tatars, les ulémas décidèrent même, par une sorte de consensus, « la fermeture de la porte de l’ijtihad » (effort de réflexion). Le conformisme s’est installé, la pensée s’est ankylosée et depuis, à de rares exceptions (l’Egyptien Mohamed Abdou), les positions novatrices sont restées très rares.

→ Qu’en est-il aujourd’hui ?

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Ibn al-Rawandī (827 ?– 911 ?) un sceptique médiéval arabe d’origine persane JPEG(iranienne).

Al Rawandi fut un membre important de l’école muʿtazilite. Il y cultiva un fort scepticisme. Dans ses écrits, il visait l’islam et la religion en général.
Aucun de ses livres ne lui a survécu. Son ouvrage le plus célèbre est le Livre de l’émeraude (« Kitāb al-zoummourroud »)*. Le titre renvoie au prétendu pouvoir de cette pierre qui aurait la réputation d’aveugler les vipères, la vipère symbolisant ici les religions prophétiques.

De nombreux extraits de ce livre se trouvent dans « Kitāb al-Intṣiār », écrit par al-Khayyāt, paru en 882.

Al Rawandi pointe les contradictions du livre sacré : « loin d’être inimitable, c’est une œuvre littéraire de qualité inférieure, car il n’est ni clair, ni compréhensible, ne possède aucune valeur pratique et n’est certainement pas un livre révélé. »*

Selon le poète sceptique al-Maʿarrī, Ibn al-Rawandī se serait adressé ainsi à Dieu :

« Tu donnes à l’homme les moyens de vivre comme le ferait un vieux pingre. Un homme eut-il fait un tel partage, nous lui aurions assurément dit : "Tu nous as escroqué". »

"Il est évident pour nous, comme pour nos adversaires, que la raison est le bien le plus précieux que Dieu a légué à la créature et qu’il est l’instrument par lequel l’homme connaît son Seigneur et ses bienfaits et qui valide les commandements et les interdits, les attraits et les menaces (...). Si le Prophète vient pour confirmer ce que la raison connaît comme bon ou mauvais, licite ou illicite, alors nous considérons sa mission comme nulle et ses preuves inutiles, car la raison nous suffit pour le savoir. Si sa mission contredit les conclusions de la raison, nous rejetons alors le prophète (...). Ce qui est inadmissible dans la prophétie, c’est qu’elle te force à suivre un être humain en tout point semblable à toi, ayant comme toi une âme et une raison, qui mange ce que tu manges et boit ce que tu bois (...). Elle fait de toi un objet dont il use à son gré, un animal à son ordre ou un esclave à son service. Qu’a-t-il [le Prophète] de plus que toi, quel mérite a-t-il sur toi et quelle est, enfin, la preuve de la véracité de son message ?"

→ Ceci serait-il accepté aujourd’hui ?

Al Rawandi était un élève d’Abu Isa al Warraq, un manichéen. S’il est très critique vis-à-vis de la religion, de ses rites, des miracles, … et même du pèlerinage à la Mecque, des interdits alimentaires … pour autant, il ne remet pas en cause l’existence de Dieu. Il pense que la raison suffit pour mener l’humanité à la vérité, c’est-à-dire à Dieu.

Dans d’autres écrits, il rejette l’idée du mal et de la douleur comme justification d’une punition divine ; il conteste une création du monde à partir de rien ; il refuse l’idée de l’immortalité de l’âme…

A la suite de toutes ces prises de position, il finira par être chassé par les mu’tazilites eux-mêmes en même temps qu’Abu Isa al Warraq qui était devenu son ami. Il se rapprochera ensuite des chiites et de courants non-musulmans (manichéens, juifs et peut-être chrétiens).

Ce qui est le plus remarquable chez lui, c’est sa pensée libre, sa faculté à interroger l’ordre établi, sa pugnacité à le contester quand il le juge opportun.

Ce qu’il convient aussi de ne pas oublier, c’est l’importance du contexte, c’est-à-dire ce mutazilisme institué par Al Mamun qui permettait cette liberté d’expression.

Al Rawandi finira par quitter Bagdad pour échapper à la persécution.

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Conclusion toute provisoire :

Une recherche pas facile, avec certainement bien des lacunes, mais aussi la découverte d’une approche d’un islam humaniste et progressiste très différent de l’image qu’en donne la quasi-totalité des média aujourd’hui, comme bon nombre de ses adeptes.

→ note : je n’ai pas rencontré de femme dans mes recherches.

Concernant la notion de liberté de conscience : la doctrine mu’tazilite développée au 8ème siècle a ouvert une voie alternative à l’Islam des « pieux prédécesseurs », une voie qui permet de mener une vie spirituelle sur le mode de la raison, tout en conservant une place pour l’intuition.

Au-delà de ses 5 principes de base, sa méthode de réflexion basée sur la raison s’apparente fort à une démarche que je nommerais laïque. (cf. loi 1905 : Titre.1 : Principes : Le placement de ce premier mot dans le texte de loi implique que tout ce qui suit se situe sur le mode de la raison)

Ce que disent les mu’tazilites d’aujourd’hui (sur leur site) :

-  « abordons les textes, les pratiques et les dogmes de l’islam avec esprit critique et non comme des vérités absolues et inaltérables »

-  « garantissons la liberté de l’individu à décider par lui-même et par la raison de ce qui est bon ou mauvais pour sa pratique spirituelle. »

-  « Utilisons les nouveaux outils que la modernité a fait émerger, les sciences humaines et sociales (histoire, anthropologie, sociologie, linguistique, philosophie, etc. par exemple la méthode historico-critique développée par l’algérien Mohammed Arkoun, pour redéfinir le statut et le rôle du Coran et de la Sunna dans la foi et la pratique et pour reconstruire une nouvelle façon d’être musulman(e). »

La place et le statut des non musulmans n’y apparaissent pas. Il me semble néanmoins qu’une telle manière de penser sa vie ne peut qu’avoir une influence bénéfique sur le « faire société ensemble ».

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Plus personnellement :

-  J’ai été surpris de trouver une telle approche à une telle distance dans le temps : c’était il y a 1200 ans, au début de la dynastie des carolingiens en France. Charlemagne est sacré en 800 à Rome.

-  J’y ai trouvé un renforcement de ce que nous avait développé Ahmed Djebbar durant les 2 journées qu’il avait passées en notre compagnie : cette disposition d’esprit particulière qui régnait au 9ème siècle à Bagdad.

Je terminerai par une question : si la laïcité propose un cadre différent et d’autres réponses, ses méthodes ne sont-elles pas voisines de celles des mu’tazilites ?
→ Etre capable de discernement, cultiver l’esprit critique et le libre arbitre, garantir à tout individu la liberté de décider par lui-même de ce qui est bon ou mauvais pour sa pratique spirituelle … avec pour fondement le développement de l’autonomie du sujet, cette autonomie qui permet le plein épanouissement de l’individu …

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Sources et emprunts :

http://mutazilisme.fr/

https://www.capital.fr/economie-politique/l-empire-arabe-de-632-a-1258-quand-le-monde-musulman-montrait-le-chemin-a-l-occident-627126

http://prophetie-biblique.com/forum-religion/islam/histoire-expansion-islam-t891.html

http://fr.institut-kheireddine.org/2013/02/mohamed-charfi-lecrasement-des-mutazilites-et-la-fin-de-lijtihad/#comment-1258

http://www.histophilo.com/scepticisme_(philosophie).php Définition de scepticisme

https://journals.openedition.org/bcrfj/7270

http://stehly.chez-alice.fr/mutazilisme.htm

http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Ibn%20al-Rawandi/fr-fr/

https://www.traditionrolex.com/21
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