Je n’ai pas parlé d’islam ...

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Forum « République et Islam : relevons le défi ensemble », le 22 juin 2015

Intervention de M. CERF

" Je voudrais parler de ceux et celles dont on ne parle presque jamais, que les médias n’invitent pas ou trop peu, pour qu’on ne les oublie pas dans notre réflexion. Nous sommes dans un État de droit qui adhère à la Convention européenne des droits de l’Homme, et pourtant… je voudrais parler de celles et ceux qui vivent dans la peur et que nous croisons dans la rue sans les reconnaître.

Je veux parler des jeunes filles contraintes de porter un voile parce que leur famille les y oblige.

Je veux parler de celles qui se font insulter parce qu’elles aspirent à vivre en rejetant des traditions patriarcales qui veulent les enfermer à la maison. Le collectif des femmes sans voile d’Aubervilliers en témoigne.

Je veux parler de celles qui, de guerre lasse, se voilent pour être respectées dans leur quartier ou pour ne plus avoir affaire aux fanatiques qui les harcèlent.

Je veux parler de celles qui seront mariées contre leur gré, souvent trop jeune, avec un homme beaucoup plus âgé, qu’elles ne connaissent même pas et pour qui la nuit de noces ne sera rien d’autre qu’un viol légal.

Je veux parler de celles qui seront excisées, mutilées parce que c’est l’usage.

Je veux parler des jeunes homosexuels qui se cachent de leurs familles pour ne pas en être exclus du jour au lendemain.

Je veux parler de ceux qui voudraient mourir dignement et qu’on s’acharne à maintenir en vie au-delà de toute humanité.

Je voudrais parler aussi de ces artistes menacés et agressés parce que leur création était trop libre,

Je veux parler aussi de tous ces militants laïques menacés de mort parce qu’ils se dressent en travers de la route des fanatiques en défendant nos libertés et doivent vivre sous protection policière ou simplement faire face tous seuls, trop seuls, aux insultes et aux menaces. Je veux rendre hommage à tous ces militants de la liberté dont les noms sont trop souvent ignorés, parce qu’absents des débats télévisés qui construisent les notoriétés : Nadia Benmissi, Nadia Ould Kaci, Soad Baba Aissa, Fewzi Benhabib, Chalah Chafiq, Zineb El Rahzoui, Saïda Douki Dedieu, Khadija Rouissi, et bien d’autres dont certains sont parmi nous aujourd’hui…

Enfin je voudrais parler de tous ces anonymes qui partout dans le monde, tiennent tête dignement aux barbares en refusant leur diktat. La peur ne les empêche pas de résister. Et nous ici, nous devons avoir le courage de dénoncer les pressions, de les pointer du doigt, de nommer le fanatisme pour ce qu’il est : un nouveau fascisme meurtrier qui pratique la menace et l’intimidation. Qui veut imposer par la force, la coercition et le meurtre, sa conception barbare de l’islam, partout dans le monde. Je veux parler aussi des fondamentalistes de toutes les religions qui rêvent d’une humanité à genoux qui aurait renoncé à toutes ses libertés.

Plus nous serons nombreux à dénoncer les pressions, à les pointer du doigt, moins elles seront opérantes.

Plus nous serons nombreux à résister à l’intimidation, moins il y aura de menaces. Alors je voudrais que nous soyons toujours plus nombreux à dire comme le 11 janvier dernier : « même pas peur ». Toujours plus nombreux à avancer vers plus de justice, plus de liberté, plus d’égalité, plus de fraternité, plus de laïcité. Et peu importe que nous n’ayons pas les mêmes options politiques, ni les mêmes croyances ou convictions, pourvu que nous fassions front commun pour repousser l’obscurantisme.

Il n’est plus temps aujourd’hui de vouloir faire du clientélisme, de séduire les extrémistes pour remporter les prochaines élections, de donner des subventions à des mouvements douteux sous couvert d’activités dites culturelles, d’encourager le communautarisme en espérant conquérir la paix sociale. Ces compromissions et ces financements détournés sont une atteinte directe à notre sécurité et à nos libertés, sans parler du détournement du principe de laïcité.

Par respect pour tous ceux dont je viens de parler auparavant, nous nous devons, en France, de poursuivre un objectif unique : celui de nous réunir dans la fraternité républicaine pour repousser cet obscurantisme qui à bien des égards ressemble à celui que nos parents ont combattu si durement, si âprement, dans les années 40.

Ceci ne peut se faire que dans le cadre laïque et de la légalité républicaine. Je n’ai pas parlé d’islam, je n’en ai pas eu envie, parce que je demande juste à tous nos concitoyens de venir défendre ces droits avec nous."

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