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Les religions et la femme 10 : le Japon - Laïcité Aujourd'hui

Les religions et la femme 10 : le Japon

, par  Jdx , popularité : 21%

Le Japon a réadapté et transformé tout ce qu’il a emprunté aux autres cultures ou religions : d’où la notion de syncrétisme ( différentes croyances se sont mélangées, combinées ) :

→ le Shinto, le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, le christianisme, les nouvelles croyances...

→ Dans la préhistoire, on retrouve le culte de la fertilité ( des figurines avec grosses poitrines et grosses hanches ont été retrouvées -comme en Occident- ).

Temple Kiyomizu {JPEG}

C’est aussi de cette époque que datent les débuts du shinto ou shintoïsme ( cette croyance se compose d’une multitude d’éléments tels que l’animisme, la vénération de la nature, le culte des ancêtres...) : une douce harmonie est inhérente à la nature et aux relations entre les hommes. Les esprits des divinités et des ancêtres = les « kamis », sont présents dans les forces naturelles : les montagnes, les mers, les rochers, les vents, les animaux sauvages, les arbres etc... Chaque chose a une âme ! A l’origine, les kamis sont vénérés dans la nature, mais ce sont à présent les sanctuaires qui servent de lieu de culte et de vénération ( le culte peut aussi se pratiquer chez soi). Pour faire ses dévotions, il faut franchir la porte du sanctuaire (Torii) qui abrite les « kamis » (« esprits »), se laver la bouche et les mains et :

- soit, fixer ses prières inscrites sur un bout de papier à l’un des arbres sacrés, (ou autre support)

- soit faire une offrande.

papiers - prières nov. 2007 {JPEG}

Aux origines dans la religion shinto, il y avait des prêtresses et seules les femmes avaient le droit d’être habitées par l’esprit des divinités.

Il faut noter que ce sont les enfants de la déesse solaire Amaterasu (une femme) qui ont créé les Iles du Japon avant de se retirer dans le domaine céleste et de confier le pouvoir à leurs descendants mortels : les empereurs. L’empereur ( ou l’Impératrice ) est un Dieu et ceci jusqu’en 1945.

→ (voir anecdote de la création du Japon en fin de texte ) .

Au 6ème siècle, le bouddhisme du Grand Véhicule s’introduisit au Japon : c’est une religion fondée sur une communauté monacale chargée de conserver et de transmettre le dharma (la loi). - d’ailleurs , le bouddhisme est la base de bien des caractéristiques culturelles japonaises : théâtre Nô, rituel du thé, vénération de Bouddha.-

C’est le bouddhisme zen qui prospéra à partir du 12ème : une place prépondérante est alors accordée à la méditation en zazen ( jambes croisées en lotus ), méditation indispensable pour parvenir à l’éveil. Dans le bouddhisme, il n’y pas de femmes prêtres, mais les nonnes existent. Cependant, les maîtres bouddhistes sont des hommes.

Il faut signaler que dans les années 800-1000 ( au moyen-âge ), les femmes étaient relativement libres au Japon et dotées d’une bonne éducation ; beaucoup d’écrivains féminins sont issus de cette époque.

Un siècle plus tard, les femmes perdent leur statut antérieur - Les castes guerrières des Samouraïs sont alors prospères - .

Ce sont les Guerres féodales et l’introduction du confucianisme qui se sont conjugués pour imposer la soumission des femmes : leurs tâches se réduisent à produire des héritiers mâles pendant que leurs maris sont à la guerre. L’héritier mâle devant perpétuer le culte des ancêtres. Les filles peuvent être supprimées à la naissance. L’idéologie patriarcale du confucianisme chinois est dominante : les empereurs et les prêtres sont des hommes à cette époque.

Le Christianisme fait son apparition au 16ème siècle et va être proscrit dès le 17ème. Les missionnaires seront chassés... les novices assassinés ( le christianisme a donc eu une influence limitée ).

A cette époque, le pouvoir est militaire et les hommes ont droit de vie et de mort sur leur femme ; ils ont le droit d’avoir plusieurs femmes sous le même toit (la religion seule n’explique pas ce fait.)

Le shinto va renaître au 18ème et devenir religion d’état.

Actuellement, la religion japonaise est shinto - bouddhiste :

→ shinto pour les choses de la vie : naissances, mariages = sanctuaires : ex : purification du bébé à quelques mois, purification du fiancé. En effet, la pureté morale et corporelle est la loi essentielle du shintô . Sont ainsi exclus d’une visite au sanctuaire les malades et les personnes en deuil.

→ bouddhiste pour ce qui concerne le sort de l’âme après la mort = temples - Les temples sont en général érigés près des sanctuaires. Les cimetières bouddhistes sont deux fois plus nombreux que les cimetières shintoïstes ( la crémation est obligatoire dans les 2 cas ).

L’influence du mouvement féministe mondial va faire évoluer le statut de la femme.

19ème → 1880 : création du mouvement pour les droits et la liberté du citoyen :

→ les premiers mouvements féministes revendiquent le droit à l’instruction ; mais la polygamie demeure et une veuve ne peut quitter sa belle famille sans l’autorisation de cette dernière.

Au début du 20ème, un père pouvait encore vendre ses filles à la gérante d’une okiya (- maison où sont formées les geishas = prostituées (?) cultivées -) pour qu’elle les prépare à devenir geishas !

Geishas dans la rue {JPEG}

En 1922 : est votée une loi abrogeant l’interdiction faite aux femmes de participer aux débats politiques.

D’autre part, l’état d’esclavage des femmes va prendre fin à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est sous l’occupation américaine que les choses vont évoluer : droit de vote, mixité scolaire, égalité des sexes, autorisation de l’avortement si la mère est en danger .

Le droit de vote des femmes japonaises date de 1946. ( Le suffrage universel masculin a été acquis en 1925 ). ( il est à souligner que la constitution de 1947 interdit à l’état de s’impliquer dans une religion quelle qu’elle soit.)

A partir des années 60 ( période de prospérité économique ), le rôle des femmes dans la vie économique augmente, mais les mentalités ont du mal à évoluer.
Dans le domaine religieux, une évolution s’opère à la fin des années 70. Ainsi, pour porter le reliquaire en procession au cours d’une fête, les femmes ont réussi à avoir le droit de se mêler aux hommes, ceci après de longues discussions avec les associations de porteurs et les prêtres. Ce geste était traditionnellement réservé aux jeunes hommes, les femmes ne fournissant que les boissons aux porteurs.

D’autre part, le nombre de prêtresses shintoïstes est en augmentation : 9% en 1993, 10% en 1996, auparavant elles ne participaient aux cérémonies que comme danseuses ou comme musiciennes.

Les bouddhistes ont également formé des moines femmes (abbesses).

De nos jours encore, les pères japonais choisissent encore le mari de leur fille ( mariages arrangés )... Il faut savoir que le corps de la femme est la propriété de son mari ( la notion de viol est fonction de la résistance que la femme aura manifesté pour repousser son agresseur ; le mari peut demander des dommages et intérêts pour le viol de son épouse ! ? ). La femme subit la domination de l’homme, et la violence domestique est importante ( bras cassés, plaies ! )

A noter que la notion de groupe est très importante au Japon. On s’identifie, non par rapport à soi, mais par rapport à l’entreprise, à la famille... l’individu passe après le groupe - et dans l’entreprise ou la famille, tout le monde obéit au chef ; « aucune tête ne doit dépasser ! » -

La société japonaise était autrefois organisée en clans rattachés à un sanctuaire ; le groupe-famille a pris le relais. Les esprits des ancêtres font partie de la famille.
L’éthique issue du shintoïsme perdure : il faut « garder la face », et pour cela se conformer au code social afin de ne pas troubler l’ordre ; s’il y a manquement, trois réparations possibles : s’incliner, faire une offrande ou se suicider !

Dans les familles, les rôles sont très divisés : L’homme travaille à l’extérieur ; la femme gère l’argent, le ménage, l’éducation. A noter que les femmes qui sont cantonnées dans leur rôle de mère n’existent qu’à travers les résultats scolaires de leurs enfants ( il existe un taux de suicide important en raison de la honte de la mère lorsque l’enfant échoue ). Et bien sûr, il est toujours important de donner naissance à un enfant mâle !

L’égalité homme - femme existe officiellement depuis 1986. ( pas de sanction prévue si manquement à l’égalité ! ).

Le droit à l’avortement n’est toujours pas reconnu (sauf si la vie de la mère est en danger) ; la contraception existe.

papiers - prières nov. 2007 {JPEG}

mpb, membre du groupe de travail laïcité-aujourd’hui.

Notes :


Anecdote : « Le Dieu Izanagi était si beau que la déesse s’arrêta au sommet de l’arc en ciel et lui dit : « veux-tu m’épouser ? » ; leurs premiers enfants furent des créatures monstrueuses : méduses, poulpes ; c’était raté.
Les 2 divinités remontèrent au ciel et les dieux les renvoyèrent sur l’arc-en-ciel ;
Cette fois c’est le dieu Izanagi qui demanda à la déesse : « veux-tu m’épouser ? » (conformément aux ordres de la nature !) Izanami donna naissance aux îles japonaises.
La fille d’Izanami confia son sabre au premier empereur du Japon ; l’empereur-dieu héritait des deux principes : masculin et féminin.

Théâtre Nô : spectacle mêlant différents arts : jonglage, acrobaties, pantomimes, danses agraires pratiquées par les communautés paysannes pour s’assurer la faveur des Dieux et de bonnes récoltes.

A signaler une forme populaire de théâtre (=le kabuki) qui naît au début du 17ème : spectacle comique, à l’origine joué par des femmes, puis elles furent interdites de scènes et remplacées par des adolescents, à leur tour remplacés par des hommes maquillés en femmes !

Les Gheisas : sont chargées de distraire les hommes (musique, danses, et .....) contre de l’argent... des prostituées cultivées somme toute !

Fêtes shintoïstes :
Nouvel an : fête des ancêtres

Mi-août : fête du retour des morts dans la maison des ancêtres

Début septembre tous les 3 ans est célébrée la déesse Amaterasu .

Inari : le dieu du riz est particulièrement honoré (kami)
Une fête rituelle a d’ailleurs lieu pour le repiquage du riz.

Pèlerinage à Ise :
Ce lieu saint par excellence du shinto est dédié à la déesse solaire Amaterasu et à la déesse du riz Toyouké-omikami ; le bâtiment est remplacé tous les 20 ans.

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