La réunion du 13 mars 2025 s’est tenue en deux temps :
Le retour sur la conférence de la veille, à Quimper : Henri Pena-Ruiz invité par l’association Ar Men pour traiter de : Pourquoi la laïcité ?. 14 membres du groupe étaient présents.
Le tour de table a souligné les qualités pédagogiques de l’intervenant (au prix de certaines répétitions parfois), la clarté de son propos, son souci de l’émancipation individuelle :
– pas de victimisation
– pas d’état d’âme
Le recours à l’étymologie des mots, tout comme le retour à la genèse des faits lors des événements dramatiques, ont été fort appréciés.
Reprendre les fondements de la laïcité, encore et toujours : Histoire, philosophie, droit ; inciter sans relâche à la réflexion : l’attention a été soutenue tout au long de l’exposé (1 h 30).
L’occasion pour chacun de préciser sa propre approche du sujet et d’être en mesure de répondre aux discours agressifs qui nous arrivent parfois.
Il a cependant manqué des réponses à certaines questions lors du débat. Par contre, le caractère "blessant" des caricatures a reçu une réponse argumentée, étayée par les décisions des tribunaux depuis bien des années. A l’occasion, il a été rappelé que le traitement des femmes dans la publicité en particulier pouvait être bien pire ...
Concernant l’assassinat de Samuel Paty, le fait que certains élèves aient été autorisés à quitter la salle de classe pose encore question. Etait-ce un choix délibéré suite à ses expériences des années précédentes pour le même cours ?
Il a été regretté que l’amphithéâtre ne soit pas mieux garni. Une question de communication ?
Chacun a pu découvrir (ou redécouvrir) l’homme, le conférencier, le philosophe engagé qui appelle à la poursuite du travail, en nous donnant quelques outils supplémentaires. Merci monsieur Pena-Ruiz.
Second temps : MATIN BRUN
Franck Pavloff a écrit cette histoire courte en 1998 . Il s’agit d’un « apologue », c’est à dire d’une histoire d’où se dégage une morale. Il l’a écrit sur un coup de tête, en colère, après les révélations d’alliances de candidats avec le Front National au 2ème tour des élections régionales pour remporter certaines régions surtout ds le Sud.
Cet écrit a eu un nouveau succès en 2002 lors des élections présidentielles.
Matin brun fait référence aux « chemises brunes », surnom donné aux miliciens nazis , les SA, les sections d’assaut, à l’aube de la seconde guerre mondiale.
On appelle aussi le nazisme « la peste brune » ; noir et brun sont les couleurs du totalitarisme ; en 1923, les miliciens de Mussolini portaient des chemises noires.
Ce petit livre montre comment un régime totalitaire peut se mettre en place par manque de vigilance ou si, par peur, par soumission, nous acceptons de perdre des libertés fondamentales. Cet état totalitaire peut imposer peu à peu son emprise sur la population : c’est la conformité aveugle , la manipulation de masse.
N’est-ce pas d’actualité, avec cette montée de l’extrême droite partout en Europe , en France et dans le monde ?
Ceci met au pilori les bombes à retardement que sont les compromissions et le renoncement. Plus que jamais nous devons nous rappeler l’importance du libre arbitre !
Devant la montée de l’inculture, il faut absolument vérifier les infos partagées , rester vigilants et plus que jamais se rendre compte du poids des mots que l’on utilise, de leur justesse.
Il faut garder espoir car le désespoir est démobilisateur.
Je voudrais vous faire écouter une petite vidéo (2 mn 12) : l’intervention de la journaliste Salomé Saqué, à la fin de l’émission la grande librairie. Elle y présentait son essai « Résister » paru chez Payot en octobre 2024 : comment lutter contre l’extrême droite par une résistance intellectuelle et collective (12.02.2025 sur F5).
Une lecture à deux voix (MLM et P.B.) a suivi ce visionnage :
Matin brun de F. Pavlov
http://blog.ac-versailles.fr/lelu/public/lumieres/MATIN_BRUN.pdf
Les échanges qui ont suivi :
En langage chti : "Tout est brun" est utilisé pour dire poliment : "Tout va mal".
L’oratrice pointe l’entrisme latent qu’exprime ce texte, les manipulations insidieuses (comme les adjectifs accolés au mot laïcité ! remarque DLC).
En ressort un sentiment d’impuissance : que faire ? Alors que nombre d’élus décident de mesures pour lesquelles ils n’ont pas été mandatés (JLG).
Voilà qui rappelle l’expérience de Milgram et souligne la difficulté de choisir personnellement (AdC) !
Dans le monde de la peur, la délation advient sournoisement (MLM).
MD pointe la loi "narcos" actuellement en débat et comment les kalachnikov peuvent restreindre nos libertés.
Les pressions de toutes sortes sur la presse sont évoquées. JYR évoque une vidéo "Les mots vides de sens" auxquels la population adhère facilement :
https://www.youtube.com/watch?v=5Je384Nu55w
Il nous renvoie au Monde diplo au sujet des mesures prises lors du Covid dans différents pays : décisions différentes entre ministères, au sein même des ministères (répressions, erreurs ...).
AdC s’offusque de mesures d’urgence intégrées dans la loi ordinaire.
NZ clôt les échanges en pointant la portée des mesures immédiates en politique.
