Rio-Paris, Air France 447

, par  hdeb , popularité : 9%

Trois jours seulement après la funeste nouvelle, on n’avait qu’une seule certitude : une catastrophe avait eu lieu en plein Atlantique sud. On était à peine plus renseigné que lorsque, le 7 décembre 1936, le radio de Mermoz avait lancé son message « coupons moteur arrière droit ». Mais on avait eu la décence d’attendre 3 semaines, pour célébrer les obsèques nationales du célèbre pilote et de son équipage, le 30 décembre, c’est-à-dire d’avoir épuisé toutes les possibilités de recherche.

Trois jours donc après la disparition des 228 passagers et membres d’équipage qui se trouvaient à bord de l’Airbus A-330 AF447, le vol d’Air France Rio - Paris, le Président de la République s’est précipité dans le seul lieu qui lui paraisse digne d’une telle cérémonie : une cathédrale, et l’a confiée au seul officiant qu’il reconnaisse : l’évêque.

On objectera la volonté de marquer la solidarité nationale afin de soulager les familles des disparus ... Mais le Président de la République, lui-même avocat, ne peut ignorer que justice ne sera vraisemblablement pas rendue avant dix années dans des conditions éprouvantes pour les familles voire même épouvantables pour certaines. La batterie de psys qui les entoure n’est qu’un rideau de fumée destiné à limiter le bruit médiatique et à rassurer le public avec un « travail de deuil », des mots vides sensés remplir un vrai vide. Car dans cette affaire, comme dans bien d’autres précédemment, des intérêts considérables s’affrontent déjà. L’Etat est celui qui a autorisé l’avion à naviguer et devait s’assurer qu’il était toujours en état de le faire, le constructeur a mis en œuvre une politique industrielle et fait des choix techniques qui lui sont propres, la compagnie aérienne a mis en œuvre l’appareil et formé les équipages selon ses propres décisions. Intérêts économiques et sécurité ne peuvent s’accommoder qu’avec un peu de chance. Les familles des pilotes, elles, seront souvent seules face à tous, à charge pour elles de défendre l’honneur de leurs morts. Sur le plan technique, la commission d’enquête comprendra des membres de l’administration et des représentants du constructeur. On concevrait plutôt qu’une telle commission soit indépendante et que ce soit ceux qui la composent aujourd’hui qui soit auditionnés et mis sur le grill. On notera au passage que la majorité du Président de la République propose un amendement au parlement qui aura pour effet de restreindre le rôle des Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail, les CHSCT des pilotes, aux seules activités exercées en dehors de l’avion, ce qui se passe à l’intérieur de celui-ci n’étant selon ces zélateurs du progrès social à rebours que du ressort de l’Administration qui certifie la machine et du constructeur qui la conçoit !

A quoi pouvait donc servir cet hommage rendu à ceux dont on ne savait même pas où étaient les restes ? A la lecture de ce qui précède, à faire contrition pour les erreurs commises et à décider de les corriger ? Non, bien sûr. Tout était politique dans l’organisation de cette cérémonie fondée sur la mise en scène des victimes. A quelques jours d’une élection, la République à genoux à Notre Dame était un message adressé à la France catholique au profit du Président de la République et de son parti. Le chanoine du Latran poursuit son œuvre de restauration de l’Eglise au détriment de la République laïque et l’œcuménisme affiché ne garantit en rien le respect des opinions religieuses des victimes. En tous cas les athées se sont aperçus qu’eux-mêmes ne sont plus dignes de la considération nationale.

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