Neutralité scolaire - commentaires Neutralité scolaire 2014-11-30T19:09:24Z https://www.laicite-aujourdhui.fr/?Neutralite-scolaire#comment385 2014-11-30T19:09:24Z <p>Bonjour,</p> <p>je viens de découvrir votre site.<br class="autobr" /> Je vous adresse le message que j'ai posté à titre personnel sur le portail du Ministère de l'Education Nationale.<br class="autobr" /> Vous en souhaitant bonne réception.<br class="autobr" /> Cordialement <br class="autobr" /> ***</p> <p>Mions, le 8 novembre 2014</p> <p>Madame la ministre</p> <p>J'ai pris connaissance de votre discours lors de votre audition par l'Observatoire de la Laïcité et je souhaite vous faire part de ma désapprobation quant à votre position sur les accompagnatrices de sorties scolaires voilées, car elle me parait affaiblir considérablement la portée de votre conviction pourtant clairement énoncée au début de ce discours.<br class="autobr" /> En déclarant que « Le principe, c'est que, dès lors que les mamans (les parents) ne sont pas soumises à la neutralité religieuse, comme l'indique le Conseil d'Etat, l'acceptation de leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus l'exception », vous inversez le principe et les effets qui y sont attachés.</p> <p>Vous ne vous n'interrogez pas pour savoir si les mamans voilées accompagnant les sorties scolaires sont soumises ou non à la neutralité religieuse, comme si la question ne se posait même pas, alors qu'il s'agit, en amont, du préalable indispensable d'où découle la décision d'admettre ou non comme règle leur présence aux sorties scolaires.</p> <p>En choisissant de ne pas poser cette question de fond, vous participez à la démission du débat politique. Votre position n'est-elle pas un de ces « petits reculs ou compromis successifs » que vous dénoncez vous-même au début de votre discours ? « Comme l'indique le Conseil d'Etat » dites-vous : pourquoi s'en remettre, comme Lionel Jospin en 1989 alors qu'il était Ministre de l'Education Nationale, à l'avis du juge administratif ?</p> <p>Pourquoi ce renoncement politique ?</p> <p>Faudra-t-il de nouveau constater que « parce que nous avons été tétanisés à l'idée que nous risquions d'être intolérants, nous avons alors toléré l'intolérable » ? (rapport de la mission d'information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national, propos d'Elisabeth Badinter, audition du 9 septembre 2013, page 338).Certes le sujet de cette commission était différent, mais le questionnement d'Elisabeth Badinter garde tout son sens.</p> <p>L'argument que le prosélytisme est minoritaire n'est pas recevable car la Laïcité - comme vous le soulignez vous-même au début de votre discours - n'est pas élastique aux circonstances.</p> <p>Ne voyez vous donc pas que votre position va à l'encontre de votre déclaration selon laquelle « La pédagogie de la Laïcité, ce sont des pratiques de sens à la fois pour l'institution et pour ses usagers, élèves, familles, partenaires associatifs et collectivités locales » ?</p> <p>Il faut donner à la Laïcité les moyens dont elle a besoin pour échapper à l'instrumentalisation des extrémistes de tout bord, au FN, qui n'ont plus qu'à se baisser pour la ramasser.<br class="autobr" /> Il faut donner les moyens à la Laïcité d'échapper à la l'hypocrisie sans limite de Nicolas Sarkozy qui, alors qu'il a nommé en 2004 le préfet Aïssa Dermouche en le qualifiant de « préfet musulman », vient de déclarer lors d'une réunion publique le 7 novembre : « je conteste la décision récente du ministre l'éducation nationale d'autoriser les femmes voilées à accompagner les sorties scolaires au nom de l'idéal républicain français » alors qu'il a osé, en sa qualité de président de la République, déclarer à Latran en 2007 : « Un homme qui croit, c'est un homme qui espère. Et l'intérêt de la république, c'est qu'il y ait beaucoup d'hommes et de femmes qui espèrent ».</p> <p>Face à cette déclaration qu' Henri-Pena-Ruiz a qualifié dans le Figaro du 3 janvier 2008 de « faute politique » car « tout se passe comme si Nicolas Sarkozy était incapable de distinguer ses convictions personnelles de ce qui lui est permis de dire publiquement dans l'exercice de ses fonctions, celles d'un président de la République qui se doit de représenter tous les français, à égalité, sans discrimination ni privilège », la gauche s'est rendue coupable à l'époque d'un silence assourdissant dont elle peine encore à se remettre.</p> <p>Que peut répondre la gauche qui a commis la même faute politique lorsque Manuel Valls a fait cette désastreuse déclaration le 19 mars dernier lors d'un rassemblement organisé par le CRIF en mémoire des victimes de Mohamed Merah : « les juifs de France sont plus que jamais à l'avant-garde de la République et de nos valeurs », car en désignant ainsi des français à l'avant-garde, il en désigne d'autres à l'arrière-garde. <br class="autobr" /> Qu'allez-vous répondre ?</p> <p>La puissance publique doit légiférer pour mettre fin aux circonvolutions ministérielles car les circulaires n'ont pas la force juridique suffisante pour dire le droit, et pour mettre fin aux tergiversations des juges administratifs et judiciaires car, si le juge dit le droit, c'est la loi qui fait le droit.</p> <p>Vous dites : « tout doit être mis en œuvre pour éviter les tensions » : or c'est bien le communautarisme qui en stigmatisant la singularité de tout être humain est source de tensions et c'est au contraire à des fins non-discriminatoires que l'école doit appeler la laïcité.</p> <p>C'est pourquoi le principe doit être que les mamans accompagnant des sorties scolaires sont soumises à la neutralité religieuse et, en conséquence pratique, le refus de la présence à ces sorties scolaires de celles qui portent des signes religieux doit être la règle. La loi s'applique à tout le monde et si elle peut contraindre une maman à retirer son voile lorsqu' elle accompagne les enfants en sorties scolaires, c'est aussi pour protéger cette maman du prosélytisme qui conduit d'autres personnes à refuser certains cours, récuser les enseignants d'un autre sexe ou les dates d'examen pour des considérations religieuses.</p> <p>Vous justifiez votre position par votre volonté de « renouer le lien de confiance, qui s'est distendu, entre les parents et l'école ». Si l'on suit votre raisonnement, on doit conclure qu'émettre un avis opposé porte en lui-même la volonté contraire à la vôtre de ne pas vouloir dialoguer en confiance avec les familles, ce qui est parfaitement infondé.</p> <p>Madame la Ministre, vous terminez votre discours en voulant « renoncer à l'incantation et agir » : si vous en êtes convaincue, allez au bout de vos convictions !</p> <p>Je vous prie d'agréer, madame la Ministre, mes très respectueuses salutations.</p>