Les directives de l’évêché
Dans la semaine religieuse :
« L’inventaire des biens de fabrique va commencer, la semaine prochaine, dans les différentes paroisses du diocèse. Il aura lieu lundi 29 janvier dans Notre cathédrale et le mardi 30 dans Notre grand séminaire.
Nous prions MM. Les curés et recteurs de se bien pénétrer de toutes les instructions que Nous leur avons données à ce sujet. Nous leur recommandons beaucoup de bienséance à l’égard des agents chargés de cette pénible opération, mais aussi beaucoup de fermeté et de sang-froid dans la défense de ces biens qui ne sont pas à eux, mais qui appartiennent en toute justice à l’Eglise, c’est-à-dire à la communauté des fidèles qui composent la paroisse. La paroisse avant tout ! c’est son patrimoine que nous avons à défendre ; c’est sur elle que reposent toutes nos espérances pour l’avenir. Il faut que tous le comprennent. »
Commentaire du Finistère :
« On remarquera que cette note contraste singulièrement avec le ton agressif d’une protestation qui avait paru dans la Semaine religieuse au mois de décembre.
… Mais si le chef du diocèse de Quimper paraît être revenu à une plus saine appréciation des choses, il n’en est pas de même de la poignée de cléricaux batailleurs qui l’entourent et pour les quels la Séparation est en réalité une bonne aubaine, car c’est un prétexte à manifestations et à violences.
C’est ainsi qu’on distribuait dans les rues de Quimper, hier soir, un factum sans signature ni nom d’imprimeur, faisant appel aux manifestants de bonne volonté pour manifester contre l’inventaire qui doit avoir lieu lundi matin à St Corentin, et mardi matin à St Mathieu. Les dames de la L.P.D.F.* sont spécialement invitées.
Il y a quelques jours, M. Grousseau et M. l’abbé Gayraud, interpelant à la Chambre, se sont déclarés satisfaits des conditions dans lesquelles allaient être effectuées les opérations d’inventaires. Les cléricaux politiciens cherchent donc sans raison à susciter des bagarres, à créer une néfaste agitation dont le commerce de notre ville se passerait volontiers. Tous les gens de bon sens jugeront sévèrement cette attitude. »
*L.P.D.F. : Ligue patriotique des Françaises (Le féminisme chrétien, mouvement fondé en 1896 par Marie Maugeret connaît un succès très
limité (quelques centaines de membres) 25. Le mouvement reste ancré à droite, marqué par l’engagement antidreyfusard de sa fondatrice. La mouvance catholique ralliée, représentée par la Ligue patriotique des Françaises (L.P.D.F.), s’impose rapidement comme la plus importante, avec 545 000 membres à la L.P.D.F. en 1914. M. Della Sudda)
Source : Le Finistère 27 janvier 1906