pour la réunion du 12 avril 2010, nous avons choisi, pour débattre, le programme de Belleville et 3 extraits des discours de Gambetta
Durant sa campagne, Gambetta s’engage à défendre le célèbre "programme de Belleville", véritable profession de foi du radicalisme. Il réclame notamment le suffrage universel pour l’élection des conseillers municipaux, des maires et des députés ; il milite pour la liberté de la presse, la liberté d’association, la séparation de l’Église et de l’État et l’instruction primaire, gratuite et obligatoire et qui prône la justice et l’égalité sociale pour tous.
Extraits de ses discours* :
Le 7 avril 1872 à Angers :
« ..Nos adversaires disent que nous sommes les ennemis de la liberté de conscience, que nous persécutons les consciences…Nous sommes au contraire les champions de la liberté de conscience, de la liberté des cultes. Car j’imagine que lorsqu’ils parlent de la liberté religieuse, ils ne peuvent nous assujettir à la défense d’une seule religion, la leur, de cette religion qu’ils veulent imposer à l’exclusion de toutes les autres, de cette religion à laquelle ils ajoutent chaque jour de nouveaux dogmes qui révoltent les plus sincères d’entre eux…
Cette liberté de conscience, sous quelqeue forme qu’elle se produise, de prière, de culte, de réunion, ou au conraire , qu’elle soit la négation de toutes ces choses, est-ce la parti républicain qui l’a jamais poursuivie ? Ouvrez vos annales et vous verrez quelle quantité d’hommes, se réclamant de notre opinion, ont payé de leur sang, de leur vie, la revendication de cette liberté ! »
Le 14 juillet 1872, à la Ferté-sous-Jouarre :
« … La République n’est pas pour nous seulement une question d’origine, de sentiment, de tradition, elle est une nécessité intellectuelle … (sans elle) nous ne pouvons comprendre l’ordre, l’équilibre entre les divers intérêts de la nation, la paix sociale… l’avènement définitif de ces éléments essentiels de sécurité, de prospérité matérielle,…
(Il faut) une éducation vraiment nationale, c’est-à-dire une éducation imposée à tous… une éducation pour des hommes qui veulent agir et se conduire en hommes qui vivent, pensent, commercent, travaillent, luttent, combattent et s’entendent dans le domaine des réalités, c’est-à-dire dans le contact de l’homme en face de l’homme…
Ce qu’il nous faut, à nous citoyens libres d’un grand pays libre, c’est une société composée d’hommes devant vivre dans des conditions humaines et ayant, par conséquent, des facultés de développement tirées du respect de l’homme, de sa dignité, de sa suprématie morale, de sa conscience humaine. C’est tout cela messieurs qui constitue cette haute notion qu’on appelle la Justice… »
Le 16 mai 1873, à Nantes :
« … Il n’est pas bon, il n’est pas sage, il n’est pas profitable, même aux intérêts religieux qu’on veut défendre, de transformer l’Eglise en un parti de combat dans l’Etat ; il n’est avantageux pour personne, ni pour le gouvernement, ni pour la société, ni même pour les fidèles pieux et sincères, intelligents et avisés d’une Eglise, qu’il y ait faction là où il ne devrait y avoir qu’une association religieuse…
Le 4 mai 1877, en réponse aux protestations des évêques contre la suppression du pouvoir temporel du pape, il prononce cette apostrophe restée célèbre : « Et je ne fais que traduire les sentiments intimes du peuple de France en disant du cléricalisme ce qu’en disait un jour mon ami Peyrat : le cléricalisme ? Voilà l’ennemi ! »
* source : Discours politique de M. Gambetta. Ernest Leroux