Un temps ensoleillé, plutôt frisquet ...
Une soixantaine d’enfants, élèves de 5 écoles de la ville et élus du conseil municipal des enfants, davantage d’adultes ...
La présence de M. le Maire et de la vice présidente du conseil départemental ...
.
.
Les représentants du conseil municipal des enfants nous ont d’abord exposé les motivations de leur engagement, puis Mme Daloz a développé ceci, au nom de l’Amicale laïque de Concarneau :
Tout le monde connaît notre devise républicaine « LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE ». Elle rayonne bien au-delà de la France et continue à attirer vers notre pays des femmes, des hommes et des enfants qui fuient la misère, les guerres, l’oppression politique ou religieuse et ce, au péril de leur vie, comme nous pouvons le déplorer aujourd’hui....
De la même manière, partout ou presque dans le monde, les peuples ont entendu parler de cette LAÏCITE qui provoque les réactions les plus diverses. Ici, de l’ironie, là, du rejet, mais, et on a tendance à l’oublier, du désir, souvent, et de plus en plus fort, notamment chez les femmes et les filles qui vivent dans des pays dominés par l’intégrisme religieux. Ces femmes, ces filles envient aux françaises la liberté dont elles jouissent, à commencer par celle de pouvoir aller à l’école, celle de pouvoir revendiquer des droits égaux à tous les niveaux de la vie civique, familiale ou professionnelle. Et elles nous disent avec force, « sachez préserver ce que vous avez gagné au terme de longues années de lutte... Vos acquis sont notre horizon et notre espoir, et au-delà, ceux de nos enfants que nous voulons préserver de la soumission et de la violence » ...
Pourtant, étrangement, c’est dans le pays qui l’a vu naître, le nôtre, que la LAICITE recommence à déchaîner les passions. Nous le savons, cette naissance ne s’est pas faite sans douleur ni déchirement ; mais des hommes politiques éclairés (les femmes étaient rares sur la scène politique à cette époque), animés, avant tout, d’un profond attachement à l’intérêt général, ont su apaiser les passions et, dans un élan sublime et partagé, de conciliation et d’apaisement, faire aboutir cette loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui leur paraissait essentielle pour une construction harmonieuse de notre société,
Alors qu’elle nous a permis de vivre en paix pendant une bonne centaine d’années, voilà donc que cette loi divise (recommence à diviser) même ceux qui montrent le plus d’acharnement à la défendre et à la promouvoir, faisant ainsi le jeu de ses opposants, de ses détracteurs...
Il n’y a pas qu’ une seule explication à cela...
Certains diront que nous avons « la mémoire courte », d’autres que la multicrise que nous subissons, sur fond récent d’attentats terroristes, nous rend plus égoïstes et prompts au « repli sur soi » et au rejet de l’autre, d’autres évoqueront l’intrusion de l’Islam en terre judéo-chrétienne, n’en retenant que les dérives intégristes, la crainte qu’il suscite ... Il y a évidemment de tout cela, mais force est de constater que la peur a pris le dessus sur la raison.... Or, nous le savons, la peur est bien « mauvaise conseillère », et surtout, « la peur n’éloigne pas le danger »...
Dans son « Discours à la Jeunesse », Jean Jaurès invite les jeunes lycéens auxquels il s’adresse, en leur qualité de futurs citoyens et peut-être, de futurs élus de la nation, à dépasser leurs peurs... Toutes leurs peurs (peur du lendemain, peur de la mort, peur de l’autre dans sa différence) en profitant de cette chance que leur donne l’école d’acquérir des connaissances, de développer leur esprit critique et d’élever leur réflexion... Le chemin de la vie n’est pas une voie droite, rectiligne... Elle est faite de méandres, d’avancées et de reculs, de découragement et d’enthousiasme, de passions et de retours à la raison... Mais l’important, c’est d’être honnête avec soi-même et avec les autres, d’aimer et de vouloir la justice, la même pour tous. L’important dit aussi Jaurès, c’est d’aller « vers l’idéal et de comprendre le réel »...Qu’est-ce qu’ aller vers l’idéal, sinon vouloir le meilleur pour l’Humanité ? Une Humanité dont tous les membres se considèreraient, en quelque sorte, comme des frères et sœurs, frères et sœurs en humanité....et le réel, bien sûr, c’est la juste mesure des obstacles et des progrès que nous rencontrons dans la vie de tous les jours et la détermination des étapes grâce auxquelles nous nous rapprocherons de cet idéal... Regarder les choses en face, entendre toutes les contradictions et par la réflexion savoir les dépasser pour parvenir à une décision, une loi qui améliorera la vie de chacun, permettra de mieux « faire société »...
Tant que des êtres humains sauront, comme en 1905, utiliser leur cœur et leur raison, aimer et respecter suffisamment les autres, leurs prochains, comme le formule un dicton, leurs électeurs, leurs contradicteurs, leurs lecteurs ..., pour les aider à vaincre leurs peurs et à redevenir des « citoyens debout » en utilisant leur esprit critique, leur aptitude à la réflexion, le pire ne sera pas certain...
N’oublions pas que nous disposons d’excellents outils pour parvenir à dépasser tout cela : les principes républicains, les déclarations des droits de l’Homme et du Citoyen, la déclaration des Droits de l’Enfant, la Déclaration des droits des femmes, les Pactes et traités internationaux, la Charte de l’Environnement, et clef de voûte de tout ce précieux édifice de l’humaine Humanité, la laïcité, qui pose, en préalable, ce bien le plus précieux de l’Etre Humain : la liberté de conscience.
A l’heure où les intégrismes de tous bords ( pas seulement islamique, pas seulement religieux, ), tenants, parfois, d’un ordre moral décalé et mortifère, jouent des coudes pour réoccuper le devant de la scène, il n’est pas inutile de rappeler que sans liberté de conscience, il n’y a pas de liberté de pensée ni de liberté d’expression... que, si toutes ces libertés cessaient d’être garanties, les êtres humains cesseraient immédiatement de naître « libres et égaux en dignité et en droits ».... Qu’ils ne seraient plus acteurs de leur destinée et perdraient donc, à terme, leur qualité de citoyen chèrement acquise en 1789 ...
En ce jour de célébration de la loi de 1905, n’est-il pas important de se
remémorer les difficiles et douloureuses étapes qui ont conduit à l’avènement de notre République indivisible, laïque, démocratique et sociale et de nous demander quel doit être l’effort de chacun, le sursaut de conscience de chacun, pour la soutenir, la conforter, lui permettre d’avancer sur la voie humaniste qu’elle s’est consciemment tracée ?
En n’oubliant pas « qu’il est plus facile de croire ce que l’on affirme officiellement, que de s’aventurer dans l’indépendance intellectuelle...Que ce n’est pas l’opposition, mais le conformisme et l’inertie, qui ont, de tout temps, été de sérieux obstacles à l’évolution des consciences »...
Ces propos sont ceux de Gandhi qui nous invite ainsi à
« devenir le changement que nous souhaitons voir dans le monde »...
En d’autres termes, en ces temps de grande incertitude, pour dire le moins, mais où tout reste possible, même le meilleur, (car cela, au fond, comme toujours, ne dépend que de nous, encore faut-il s’en convaincre...), devenons, redevenons ou continuons à être des hommes et des femmes debout.
.
Suivront 2 discours d’élus, adressés aux enfants, encadrés par des séquences fort appréciées de chants par les enfants présents (extraits de l’album Les enfantastiques de Michel Nô : "Des larmes sur la joue de Marianne" et "Elle me plaît bien comme çà la France").
Puis vint le moment des cadeaux :
L’ABC de la Laïcité pour les jeunes d’Eddy Khaldi, pour chaque école présente et un ouvrage sur la devise de la République pour le conseil municipal des enfants.
Une cérémonie réussie, de l’avis de tous ..