Quelques notes au sujet du colloque organisé par le Comité Laïcité République Pays-de-la-Loire le samedi 3 mars, au muséum d’Histoire naturelle de Nantes.
La liberté de la femme : particularisme ou universalisme ?
"Pour nous, la journée des droits de la Femme, c’est tous les jours !"
Après les mots de bienvenue de Babacar Lame et l’introduction de Jean-Pierre Sakoun,
- Nous avons pu entendre le constat inquiétant du docteur Aurélie Dabreteau dans son milieu professionnel, en particulier dans les hôpitaux de Seine St Denis : les femmes dépossédées de leur corps. Rappelant le serment du médecin, puis la charte de l’hôpital public, elle a insisté sur le caractère non négociable de la position laïque dans l’exercice de ses fonctions.
Puis Djemila Benhabib, journaliste, écrivaine franco-canadienne, a développé avec force comment l’islamisme, le néo-libéralisme et le multiculturalisme menacent les droits des femmes. Une bascule s’est produite en Algérie en 1989, qui s’est propagée en Afrique puis en Europe, dans une indifférence coupable (non compréhension ? aveuglement volontaire ?..). Elle a développé l’opposition entre multiculturalisme et universalisme, puis l’alliance du néo-libéralisme et du communautarisme. Elle a montré comment un état qui reconnaît les religions ne peut se défaire de leurs extrêmes et devient malgré lui complice des intégristes ...
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Le débat qui a suivi a fait apparaître une fois encore
l’importance de s’accorder sur le contenu et la signification des mots,
la nécessité d’observer les évolutions des comportements dans le temps,
les dégâts que produisent l’aveuglement et la surdité de bien des responsables politiques et des élites intellectuelles,
les intentions politiques sous-jacentes à bien de comportements …
Soyons lucides ! a répété D. Benhabib.
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L’association Tissé Métisse a présenté le travail qu’elle effectue auprès des femmes sur le territoire de Nantes Métropole : libérer la parole, écouter, parler des discriminations, nourrir la réflexion, afin de permette l’entrée dans la citoyenneté sur une base d’égalité et de laïcité …
Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes : Mépris, domination, hiérarchie … comment limiter le poids des religions et renforcer celui des droits des femmes ? Comment se fait-il que la critique des religions soit aujourd’hui assimilée à du racisme ? Le non-respect de l’égalité Femmes-Hommes n’est-il pas un trouble à l’ordre public, trouble à caractère immatériel ?
Jacqueline Costa-Lascoux, directrice de recherches au CNRS, juriste et psychosociologue : « La laïcité en miroir des femmes ». Si les textes ont évolué, ce n’est pas le cas des mentalités : l’égale dignité des personnes est encore trop souvent ignorée, les archétypes sont entretenus, l’instrumentalisation religieuse sur fond d’inculture et de fantasmes perdure, la victimisation est cultivée, elle engendre à la fois une infériorité, un enfermement souvent, une identification parfois … générant ces dynamiques de radicalisation qui nous semblent si étranges …
Le débat qui a suivi a surtout apporté des prolongements et diverses illustrations concernant les propos tenus en amont.
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C’est le nouveau président du CLR national, J-P Sakoun, qui a clos ce colloque, rappelant l’essentiel par des exemples choisis.
Les organisateurs ont prévu de publier les interventions de ce colloque sur leur site :
http://laicite-republique-paysdelaloire.org/
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